Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
pierreline
11 février 2010

après les liftiers, les cordonniers.

Bon je ne sais pas si vous avez remarqué, mais ça se relâche ces temps-ci sur ce blog, pas trop d'activité.

J'ai quelques projets, pourtant, je viens d'achever sur Deezer la mise au point d'une palyliste de musiques qui ont fait une partie de ma vie, disons de 7 à 20 ans. Problème, je n'ai pas encore résolu la question du délicat transfert de cette playliste du site de Deezer sur mon blog. Je fais des efforts, pourtant, j'ai réussi à aller ouvrir un compte sur le fournisseur de musiques à sombrer dans la nostalgie. Mais bon, pour le blog, c'est pas encore très efficace tout ça.

Alors, que dire, qu'écrire ?

Je pourrais par exemple vous donner des nouvelles de la famille; mais j'ai un peu l'impression de larmoyer à longueur de lignes.

Il y a un sujet que je n'ai pas encore abordé avec vous, pourtant c'est un gros morceau de ma vie, c'est le boulot. Je sais pourquoi je n'en ai pas parlé jusqu'à présent: un peu peur des sarcasmes et sourires en coin: "Ah, d'accord, on comprend mieux !!! Eh bien, quand on sait ce qu'on sait, y'a pas de quoi être fière ! Comme toujours, les cordonniers les plus mal chaussés !"

Bon, tant pis, je me lance:

Vous vous souvenez de ma copine Berthoise qui évoque les "enfants du placard" ? Et bien, quand un enseignant rencontre un élève qui galère, il peut faire appel à des professionnels comme moi: je suis psychologue. Je travaille, bien accrochée au poil laineux du grand mammouth  de l'éducation nationale, dans les écoles publiques maternelles et primaires  d'un secteur regroupant 19 écoles, soit 2500 élèves.

.... Je laisse passer les rires...    .... Je laisse  à ceux qui sont indignés le temps de quitter ce blog mal fâmé ...    ... Je laisse passer la minute de silence désolé et accablé de ceux qui décidément "auront tout vu !"...  ... Je laisse passer les commentaires de ceux qui s'en étaient doutés dès le début, que c'te blogueuse là elle était pas nette ...

Il n'y a pas très longtemps que je fais ce boulot, cinq, six ou sept ans, peut-être, mais je l'aime. Avant, j'étais instit: c'est une règle, dans l'éducation nationale, pour être psy scolaire, faut d'abord avoir été instit plusieurs années. Moi je l'ai été pas loin de 20 ans; et j'ai fini par bien aimer l'être, puis je me suis découvert une envie de faire des études, et je me suis inscrite en psycho au CNED. Plusieurs années, j'ai cumulé boulot, enfants ( 3 puis 4) et études. J'y suis arrivée, plutôt brillamment, j'en suis fière. Et j'ai changé de taf.

Paradoxalement, au milieu des tempêtes persos que je traverse, ce travail est comme un phare qui me donne une direction, une route à suivre.

J'enchaîne entretiens délicats, situations ubuesques, signalements difficiles aux services sociaux, soutien aux familles en galère, recherche de solutions d'apaisement, annonces douloureuses de décisions d'orientation nécessaires, redéfinition parfois un peu abrupte des rôles de chacun, et puis toutes ces choses où je suis impuissante à apporter le moindre soulagement ... Alors, forcément, si je veux rester efficace, travailler tout simplement, je mets dans ma poche mes galères. Je suis obligée de me concentrer sur l'ici et maintenant. Bien sûr, à la fin de la journée, y'a pas de miracle, une fois de retour à la maison je me retrouve avec mes problèmes, et je n'ai pas plus de solution pour les résoudre, mais j'ai le sentiment d'avoir été utile, et c'est fondamental pour trouver l'énergie de continuer.

Certains cas difficiles, je vais en parler à la dame de l'étang noir, on démèle ensemble ce qui dans ce qui bloque, m'est personnel, et ce qui est possible, ou parfois impossible, de faire pour améliorer les choses. Le plus dur est de se rendre compte que ce n'est pas toujours possible dans l'immédiat  de faire quelque chose et qu'il faudra se donner du temps. Paraît que c'est ça la castration, c'est l'impuissance. Je découvre la lune tous les jours, n'est-ce pas ? La découvrir est une chose, l'accepter telle qu'elle est en est une autre ...

Les galères que je traverse avec mes enfants sont une sacrée bessure narcissique. D'autant plus que je passe une grande partie de mon temps professionnel à donner des conseils et que l'on attend, à juste titre, de ma part un avis expert. Parfois, souvent, je devrais dire, j'ai honte et je me dis "si les gens savaient ce que je traverse, et à quel point j'ai tout raté avec mes enfants... Et moi qui me permets de leur suggérer des pistes, des solutions pour apaiser les choses ..."

Pourtant, mes galères me permettent aussi d'être plus humaine, moins dans le jugement "ces parents, de gros nuls!!! savent pas y faire !!! c'est pourtant simple, non ?" Non, c'est jamais simple d'être parent, j'en sais quelque chose. Quelques fois aussi, mes galères me rendent plus sévère à l'égard des adultes qui éduquent les enfants, quand je sais qu'il y a parfois urgence à mettre en place des soins et pas n'importe lesquels.

Mais je réserve mes grandes colères pour les professionnels qui ne font pas correctement leur boulot: les rééducateurs qui leurrent des familles en promettant monts et merveilles et qui empochent les dividendes, les enseignants qui méprisent leurs élèves et leurs familles, les directeurs un peu lâches qui laissent pourrir des situations et attendent que le suivant soit celui qui se coltine les problèmes, les éducateurs qui se réfugient derrière les dysfonctionnements du système pour cacher leur incompétence ou tout simplement  leur paresse ...

Bon, ok, ok, je sens bien ce qu'il y a de perso dans mon petit couplet sur les éducs, mais on ne se refait pas, n'est-ce pas ?

Allez, ça suffira comme ça pour ce billet, je vous laisse vous défouler dans les com. Vous l'avez bien gagné, et moi je l'ai bien mérité !

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Alors, soyez moins seule Pierreline, puisque voilà une nouvelle lectrice... (C'est bien les défis du samedi, pas vrai?) - Je m'abstiendrai de rire ou de dire quoi que ce soit, je garde une sensibilité pour tout ce qui concerne l'école... En tant qu'enseignante intérimaire, je n'ai jamais pu vraiment m'intégrer dans une équipe et faire un vrai travail collégial, mais quand on est intégré dans une école, ce doit être bien de pouvoir faire ça... Tout ça n'est pas si simple... Quand je vois que j'ai été prof et que mon ex-mari l'était aussi... Nous avons eu aussi des difficultés avec notre fils qui a fait un décrochage scolaire (mais limité parce qu'il venait d'une bonne situation scolaire), et ce à cause d'une séparation... A problèmes ! <br /> <br /> Donc, d'avoir du bon sens sur le plan humain et pédagogique ne nous met pas forcément à l'abri d'autres pièges, venus d'ailleurs...
P
Joye: Terroristes et assassins ? Fais un petit effort, t'es pas encore assez perverse ;). C'est un vrai boulot, tu sais, de pourrir la vie de nos enfants suffisamment pour en faire ce genre de monstres !!! Et puis faut aussi un certain don, et une grande tradition familiale sur des générations ! Pas pour toi, ma Joye, pas assez douée ...;) !<br /> Mumu: alors bienvenue parmi les vieux de la vielle...<br /> Teb, merci, c'est vrai que je me sens assez seule, c'est rien de le dire.
J
En visitant les écoles françaises (et ayant passé une année comme assistante d'anglais), je suis toujours choquée par l'attitude que les profs semblent avoir envers leurs élèves, cet air de supériorité envers eux. Tout en sachant que je les vois avec les yeux ricains, et qu'il y a des profs comme cela ici, mais surtout à l'université, j'en ai croisé ! je pense absolument que ce genre d'arrogance n'a pas sa place dans la salle de classe. Même dans le film "La Classe" (je ne connais pas le titre en français, est-ce peut-être "Entre les murs" ?), je trouvais l'attitude du prof inacceptable.<br /> <br /> J'avoue aussi que les conseilleurs que j'ai connus ici aux États-Unis, à peut-être deux exceptions, n'ont absolument rien fait pour les enfants troublés que je connaissais. Chez moi, ce sont les profs qui sont les meilleurs psys pour les élèves.<br /> <br /> Or, Pierreline, je n'ai pas fait d'enfants. Donc, je suis très mal placée pour juger ceux qui ont eu le courage d'en faire ou d'en adopter. Les miens auraient sans doute été des terroristes assassins. ;-)<br /> <br /> bisou
M
Bon, bon, je suis encore un peu jeune mais psychologiquement (!), je ne le suis plus depuis fort longtemps je pense. T'as vu comment que je suis sentencieuse hein.<br /> <br /> J'ai oublié de préciser que j'ai connu plusieurs psychologues scolaires dotées d'une ouverture d'esprit peu commune, pragmatiques et soucieuses d'être efficaces. Des gens avec qui travailler fut/est un plaisir.
T
Alors moi, j'arrive après la bagarre, mais comme je manque de soleil, je manque aussi de la joie de vivre qu'il donne !!!<br /> Bref...<br /> Ce qui je voulais dire, c'est que personne, je dis bien personne n'est ministre en sa paroisse, et que même ceux qui sont très bons pour les soucis des autres, pour eux, peuvent avoir des difficultés...<br /> Moi la première...<br /> J'ai une fille (qui n'est pas vraiment la mienne mais qui est ma fille tout de même...) qui a de gros soucis avec son gamin, qui n'a jamais eu confiance en elle, qui a un coeur d'or mais qui est imbuvable... et qui a fait l'objet il y a un an d'un signalement auprès des services ad hoc, et fait l'objet d'un suivi... pour mon plus grand soulagement d'ailleurs, parce que je ne savais vraiment plus quoi faire.<br /> En attendant, personne n'a réussi à la convaincre de se faire suivre ainsi que son gamin par un psy... <br /> J'étais instit... et je disais toujours à mes maman : "voilà ce qui devrait être, essayez ça... mais vous savez, il y a un grand pas entre la théorie et la pratique, et je suis comme vous, souvent démunie"<br /> <br /> Tout ça pour dire... ceux qui nous jugent, s'il y en a, ben, y-z-ont qu'à s'y coller... et on verra après.<br /> <br /> En attendant, je te fais un gros câlin, virtuel, certes, mais très sincère... parce que, dans mes années de galère, hé bien... j'aurais bien aimé, moi, en avoir... <br /> <br /> PS : ne te désespère pas de la relâche toute relative de ton blog, regarde moi... de nouveau, les mots ont pris la poudre d'escampette...<br /> Alors, chacun fait comme il peut... là aussi !
pierreline
Publicité
Publicité